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J’en fais plus que mon conjoint… et il ne le reconnaît pas. »
C’est une phrase que j’entends souvent dans mes médiations familiales.
« J’ai tout donné en travaillant à 100 %. »
« Je me suis occupée des enfants pendant des années. »
Deux réalités différentes, mais un même ressenti : celui d’un déséquilibre.
Et honnêtement, même dans ma propre vie, avec une répartition plutôt 50/50 des finances et de la parentalité, il m’arrive de me dire :« Là, j’en fais beaucoup plus. » Et ça m’agace.
Dans une famille, il y a mille manières de contribuer : le soin aux enfants, l’apport financier, la charge mentale,... Mais reconnaître que l’investissement de l’autre a une valeur équivalente, même s’il ne se mesure pas de la même façon, c’est difficile.
Le droit peut trancher certaines choses, mais jamais tout l'historique familiale.
C’est en cherchant à comprendre ce mécanisme que j’ai découvert le travail de Nicolas Favez, auteur notamment de "L’art d’être coparents". Il explique que chaque couple fonctionne selon une comptabilité subjective : chacun évalue ce qu’il a donné et reçu selon ses propres repères. Et quand cet équilibre perçu se rompt, on ne voit plus du tout ce que l’autre fait, mais uniquement ce qu’il ne fait pas.
Et on pourrait en discuter des heures pour essayer de compenser. Mais ces comptes-là ne se bouclent jamais, parce qu’ils reposent sur quelque chose de subjectif : chacun perçoit une valeur différente aux choses qu'il fait (et coucou la société qui valorise plus le travail qui rapporte de l’argent 💸 ).
Nicolas Favez conseille alors de recréer un cercle vertueux, où chacun reconnaît les efforts de l’autre. Quitte à donner beaucoup de crédit à l’investissement du conjoint, qui se sentira plus reconnu, et donc plus enclin à reconnaître, à son tour, les efforts de l’autre.
Dans cette nouvelle dynamique, on devient aussi plus tolérant face aux petits déséquilibres du quotidien.
En médiation, cette étape de la reconnaissance est souvent un passage nécessaire pour aller plus loin dans le règlement de la situation.
Si vous avez des questions concernant ce processus, je me tiens à disposition pour en discuter.
Pauline Borlat, avocate & médiatrice, basée en Suisse à Rolle (Vaud).